Atelier Alice

Dans la famille d'Alice au pays des merveilles, il y a d'abord le magicien Lewis Carroll, écrivain anglais du XIXème siècle. Celui qui joue avec la langue, et qui s'engouffre dans le sens des mots comme Alice, son personnage, s'engouffre dans le tunnel, poursuivant le lapin blanc, toujours en retard. Lewis Carroll ouvre les mots comme des tiroirs, il les découvre et les visite comme s'ils étaient des pays. Et il y joue et il en joue et nous enchante.

  Au cinéma, il y a eu plein d'Alice au pays des merveilles, mais une seule Alice : celle de Svankmajer. Lui, a laissé les merveilles de côté, pour s'attacher principalement à Alice. On retrouve pourtant  dans Alice, tous les personnages de Carroll : le lapin blanc, bien sûr, mais aussi le chapelier fou et le lièvre de mars, la reine et sa partie de croquet, la mer de larmes, le procès, tout y est.  Mais c'est surtout Alice qui fascine Svankmajer : les méandres de la pensée d'Alice, ses impressions, ses réflexions, ses sensations. Alice, le film, est un rêve. Un voyage dans l'inconscient, un voyage abyssal extraordinaire plein de mystères et de questions irrésolues. Alors il faut vraiment être un enfant pour apprécier le voyage, les enfants  d'ailleurs aiment Alice sans condition. Chercher à trop comprendre serait vain, comme il est vain de vouloir expliquer pourquoi il faut deux femmes à Bunuel pour une seule dans Cet obscur objet du désir. Comme le dit Svankmajer en exergue d'Alice : "Alice se dit en elle-même : je vais vous montrer un film. Un film pour les enfants, peut-être. Peut-être, si l'on se fie au titre. Pour cela, il faut fermer les yeux. Sinon vous ne verrez rien du tout."

Et puis, tout récemment, il y a ce dernier-né de la famille Alice, ce Lewis Carroll, l'oeil du magicien par Pétronille Danchin, et Dimitra Nikolopoulou pour les illustrations. Cet opus, comme tous les autres publiés par cette toute nouvelle maison d'édition, A dos d'âne, est destiné non seulement aux enfants de 7 à 12 ans, mais aussi à tous les flâneurs qui voudraient humer l'air de l'enfance retrouvée.

Car Pétronille Danchin nous dévoile quelques secrets d'un Lewis Carroll photographe ! Mais photographe à l'époque où la photographie se fait sur plaques sensibles, à l'aide d'une grosse boîte en bois, dans laquelle l'image se forme à l'envers et où le temps de pause peut atteindre plusieurs minutes... De quoi nous mettre la tête à l'envers ! Et de quoi prolonger ce vertigineux voyage dans l'univers d'Alice !

Nous aurons le plaisir d'accueillir Pétronille Danchin à L'écran animé le samedi 9 juin à 14h ! Le faire-part sera envoyé prochainement. A cette occasion nous ferons la fête à Alice : atelier et autres surprises !